Janvier 2020 – Descente de l’Argentine

Pour une fois, nous sommes à l’heure : le 31 décembre, 10h du matin à Bahia San Blas, Manon nous attend sur la plage.

Elle apporte elle aussi des cadeaux dans ses bagages, et ça on aime :

Bahia San Blas : A ne pas confondre avec les San Blas de Panama (on aurait bien aimé). La ville n’a strictement aucun intérêt, un magasin sur 2 est spécialisé dans la pêche, et l’autre est fermé.

On essaie quand même, sans grande conviction, de chercher une petite fête du nouvel an à laquelle s’incruster… Echec. Mais ce n’est pas grave, nous avons de l’Abondance, du Beaufort et du Comté à bord, pour une FONDUE DU NOUVEL AN ! Sauf qu’après 12h de voyage en avion pour Manon, et 2 jours de nav pour nous, l’overdose de fromage nous achève. Nous allons tous nous coucher lamentablement à 23h30. De toute façon le nouvel an c’est toujours nul, c’est bien connu.

FONDUE FONDUE FONDUE

Le lendemain, départ pour Bahia Janssen, une toute petite escale pour cause de vent de face avant de rejoindre Caleta Horno (l’un des spots phares de la descente du continent). Malheureusement, Manon découvre qu’elle a le mal de mer, et pas qu’un peu… Mais pas de quoi entamer sa bonne humeur, enfin surtout à l’arrivée !

Sur ancre à plus de 200m de la plage, la houle se fait bien sentir. Grâce à notre super technique de patte d’oie sur la chaîne avec une amarre, c’est un peu mieux :

#Photo Google, je ne me serais jamais permis d’utiliser une police aussi moche

 

Toupa est également au mouillage dans la baie, ils attendent comme nous de pouvoir continuer.

Première rencontre avec des pingouins ! Yves et Marie nous reprennent : ce sont des manchots (de Magellan). Les français sont les seuls à pinailler sur la dénomination des animaux du sud, à faire la différence entre phoques et otaries, pingouins et manchots… Nos intellectuels nationaux n’ont vraiment rien d’autre à faire.

 

5 janvier : Caleta Horno

 

Escale bien connue et appréciée de tous ceux qui descendent vers le sud, Caleta Horno est un abri à la fois magnifique et très sécurisé : tout ce qu’on aime. Totalement sauvage, la calanque est gardée par des guanacos (la différence avec des lamas n’est toujours pas claire dans nos esprits), quelques manchots et otaries.

Point drame culinaire : en plus de la fondue du nouvel an, Manon apportait dans sa valise ce qui aurait dû être le point culminant de notre année 2020 : UN MONT D’OR. Le « pop » si doux d’une bonne bouteille de vin se fait entendre, le dîner s’annonce incroyable. Et là, c’est le drame : le fromage est carrément passé. On refuse d’y croire, chacun se ressert une cuillère sur ses patates, mais ça pique et ça sent les pieds. Tristesse infinie et excuses en pensée à notre chère patrie, laisser pourrir un Mont d’Or à 12000km de la France, c’est une honte, que dis-je, un crime (3 jours à Buenos Aires hors frigo, en même temps ça aide pas).

 

8 janvier : caleta Horno > Puerto Deseado

Dernière escale habitée avant Ushuaïa, Puerto Deseado. On n’en a pas entendu que du bien, mais c’est vraiment dur d’imaginer faire la route d’une traite jusqu’à l’île des Etats : le vent est changeant, brutal, passe de 2 à 35 nœuds en quelques secondes, tourne de 130ª quand ça lui chante.

Par contre, nous avons droit à la rencontre la plus mignonne de l’année juste avant d’arriver : le dauphin-panda (dauphin de Comerson de son vrai nom). Je pense une demi-seconde qu’il s’agit d’un bébé orque, mais que nenni. C’est une espèce endémique de la zone, et c’est encore plus joueur qu’un dauphin normal – il y en a aussi quelques-uns d’ailleurs, mais les pauvres ne font plus le poids niveau mignonitude.

Que dire de Puerto Deseado ? Pas grand-chose malheureusement, mis à part qu’ils mettent gracieusement à disposition une (seule) grosse bouée d’amarrage devant le club nautique. Pas grand-chose d’ouvert, un restaurant pas bon, Antoine désespère de trouver une parilla pour tenir sa moyenne carnivore. Par contre, nous rencontrons l’équipe de l’association Conociendo Nuestra Casa, qui sont adorables : ils rassemblent des jeunes de toute la région pour leur faire découvrir la faune, la flore, font des sorties kayaks, tiennent un potager… Ils nous offrent café, gâteaux, eau douce et trajets en voiture. On n’aurait jamais osé en demander tant, la générosité des Patagoniens nous émerveille !

 

12 janvier : départ pour l’île des Etats – passage des 50èmes hurlants

C’est le trajet le plus compliqué que nous aurons à faire avant le Passage de Drake. Mais il commence plutôt bien, avec du spi, du soleil et de la bonne humeur. Seul point discutable : un albatros décide de manger notre leurre de pêche, et on se retrouve à devoir ramener l’oiseau de 2,5m d’envergure sur le pont pour lui retirer l’hameçon du bec. Il repart en volant, avec toute la grâce dont le légendaire volatile est capable (c’est à dire pas beaucoup)…

C’est également un grand moment : nous passons la latitude des 50èmes hurlants – avec le traditionnel doute : rugissants ? Hurlants ? Sifflants ? Meuglants ?

C’est bien beau tout ça, mais le 4ème jour, un vrai coup de vent est annoncé. Après avoir vaguement envisagé de chercher un abri près du détroit de Magellan, nous renonçons et décidons d’affronter la tempête pour continuer notre route vers l’île des Etats. Certains osent même soutenir que ça fera un bon entraînement pour le Drake.

Une nuit au près par 45 nœuds, ça pique. 3 ris et trinquette, les toiles anti-roulis et les pâtes au pesto sont de retour. On aurait pu se mettre à la cape et attendre que ça passe, mais non ! Promis on fera moins les fous pour l’Antarctique. Forcément, dans ces moments-là on oublie toujours de faire des vidéos…

Au matin, la récompense : l’Ile des Etats. Nous ne sommes pas côté phare du bout du monde, mais peu importe, le mouillage est incroyable.

Prochaine escale : l’île des Etats et le Canal de Beagle ! 

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